Ma p'tite maîtresse
J'avais bien senti comme du changement chez ma maîtresse, et je ne vous parle pas que de sa circonférence : moins de balade au bois, plus de foot ni de chasse poursuite, plus de gros câlin sur ses genoux... C'est tout juste si j'avais le droit de coller ma truffe contre son (gros) bidon.
Après une absence de quelques jours, elle est enfin revenue, accompagnée de mon maître et d'une minuscule chose toute chaude collée contre elle, un genre de chiot sans poils qui émettait de drôles de petits cris. J'ai eu le droit de sentir ses petits pieds, ça sentait bon le lait et les câlins. J'ai tout de suite compris que c'était ma nouvelle petite maîtresse, et je l'aimais déjà.
Les premiers mois mes maîtres ne jouaient plus avec moi, plus le temps, c'était pas la joie. Mes promenades quotidiennes devenaient expéditives. Ils ne pensaient qu'à dormir, à la moindre occasion, même en journée, tout le temps et moi aussi. Même le chat avait l'air épuisé, lui qui ne fait QUE dormir en temps normal, alors imaginez... Y'a pas plus crevant que d'entendre pleurer un nourrisson toutes les deux heures... Enfin si : s'en occuper ! Pfff.... Heureusement pour la santé mentale de toute la famille, ma petite maîtresse a vite grandi. Je pouvais l'approcher plus souvent, plus près, et profiter d'une seconde d'inattention de mes maîtres pour lui lécher l'oreille, slurp. Et à chaque fois - j'ignore comment - mes maîtres l'ont su ! Non, non ils ne me punissaient pas pour ça ; mon maître m'envoyait juste me coucher tandis que ma maîtresse, serrant sa fille contre elle, me faisait remarquer mon haleine épouvantable. Franchement, je ne vois pas le rapport. Et je soupçonne fortement le chat d'avoir fayoté.
Quand ma petite maîtresse a commencé à crapahuter partout à 4 pattes vers ses 7 mois, on a commencé à jouer ensemble, c'était sympa. Sauf quand elle mâchouillait ma balle... D'habitude si un pote me fait ce coup-là je lui tombe dessus et il ne le fait pas deux fois, mais bon, là c'est différent, ma p'tite maîtresse n'avait pas encore de dent. Je la laissais volontiers faire rouler ma balle sous la table du salon en la poursuivant. J'aime l'odeur de sa couche. Surtout quand elle dégage son puissant fumet post-purée de brocolis/poireaux au boeuf.
On est très vite devenu complices tous les deux, elle m'adore, me tire les poils, je la frôle de toute ma délicatesse, elle s'écroule sur le parquet, je la console d'une léchouille au visage, slurp. Elle m'adore tellement que ma maîtresse a peint mon portrait dans sa chambre au-dessus de son petit lit de bébé pour que je veille sur ses rêves. Je suis son chien de garde après tout.
Bein quoi ! Si, c'est moi. Une vision de moi...
Aujourd'hui ma petite maîtresse a 1 an. Je continue de lui renifler la couche mais c'est plus comme avant : maintenant quand j'approche ma truffe de son popotin elle me colle une baffe. Puis elle continue son petit train-train, sur ses deux pattes (ça aussi c'est nouveau).