Mon enquête sur la voix des morts
MOI, HAIKU LE COCKER, FIN LIMIER
Avec mon flair de fin limier et mon infaillible sens de la déduction, cette enquête va être vite torchée.
Mes indices sont donc : une voix humaine sans humain précédée de coups de feu et une île au milieu d'un lac. Trop facile, je commence par reniffler le sol à la recherche d'une piste. Ma copine Alpha me file un coup de patte, à deux c'est plus sympa.
UNE PISTE !
Mmmhh...ça sent bon la terre humide et le gland, avec une note de vieux champignon... Qui dit champignon dit moisissure, pourriture et décomposition, cadavre ! Justement je cherche le mort de la voix du lac, c'est donc la bonne piste, je fonce !
LA MAIN DU DESTIN
Quel hasard ! Ma piste me conduit à la "Main du Destin", cet arbre étrange qui vous indique le chemin depuis le bord de la rivière. Quel chemin ? Et bien, on raconte qu'il "répond" à quiconque se sent perdu. Qu'il suffit de grimper sur ses branches, de fermer les yeux en se concentrant sur une question : "quelle direction dois-je prendre, quelle décision... ?" puis de rouvrir les yeux. Et alors la "Main du Destin" montre le chemin... D'après les rumeurs elle serait à l'origine d'un déménagement, de quelques divorces et d'une reconversion professionnelle en tueur à gage. Mais ce ne sont que des rumeurs.
Pour ma part je préfère poursuivre mes recherches grâce à mon odorat, c'est plus sûr. Ma piste me fait d'abord longer la rivière...
LA RIVIERE
...la truffe dans la vase.
FINALEMENT, cette piste n'a rien donné, sinon quelques larves de bestioles grouillantes en surface, sans intérêt. Alors je suis retourné auprès de mes copains chiens, et j'ai bien fait car leurs maîtres, qui s'étaient tous réunis autour de la maîtresse de Mabrouka, écoutaient le récit de ses investigations sur notre affaire.
Grâce à ma particularité de cocker - mes longues oreilles - j'ai tout entendu ; ainsi j'ai pu résoudre le mystère de la voix du Lac ! :
Il s'agit bien de la voix d'un homme aujourd'hui mort : Armand Carrel, qui se manifeste chaque année à l'automne à l'approche de la Toussaints aux abords du lac de Saint Mandé car c'est là qu'il fut mortellement blessé lors d'un duel...
La p'tite histoire (vraie) :
Armand Carrel était un journaliste qui vécut au 19ème siècle. Suite à une querelle qui l'opposait à Emile de Girardin, fondateur de La Presse, Il provoqua ce dernier en duel au bord du lac de Saint Mandé le 21 juillet 1836 au matin.
Armand Carrel
Carrel tira le premier : il toucha son adversaire à la cuisse. Puis ce fut au tour de Girardin de tirer, pam ! Le projectile atteignit Carrel à l'aine, touchant les intestins...
On le transporta chez son ami Monsieur Louis Peyra, au 4 avenue du Bel Air (n°5 avenue Victor Hugo) où il mourut trois jours plus tard. Il fut inhumé au cimetière nord. Quant à la maison mortuaire, qui tombait en ruines, elle a été démolie et remplacée en 1997 par un immeuble moderne.